Pages

lundi 16 octobre 2017

Avocat et territoire, propos d'un vieux con.

Résultat de recherche d'images pour "vieil avocat"
Je ne suis pas un vieux con, enfin je ne pense pas.
Encore qu’il y ait quelques jours mon épouse disait que la femme de ménage avait mon âge et ne pourrait bientôt plus travailler, ce qui n’est pas vraiment un propos optimisant.
En tout cas je suis un avocat qui exerce sa profession à prédominance judiciaire près d’une juridiction et qui subit l’explosion démographique de la profession dans une ville pauvre, Marseille.
Oui, la villes des poubelles et des balles qui sifflent comme des olives lancées de partout.
Parfois, les règles déontologiques m’agacent quand elles ont un caractère archaïque, corsetant  et empêchant en fait l’adaptation de l’esprit au monde qui vient et que l’on nous vend pourtant.
Quand on débat sur la taille d'une plaque...
L’avocat est un homme économique et c’est à lui à s’adapter aux progrès techniques, au changement des comportements et à l’exigence accrue de compétence qui en découle d’ailleurs.
Ce n’est pas la déontologie qui attirera le consommateur.
Nous assistons à des débats sur la gouvernance de la profession d’avocat, débats légitimes, importants, mais l’avocat de base a quand même l’impression que c’est plus le débat sur la gouvernance elle-même qui compte que l’avenir de l’armée mexicaine des petits soldats.
Le président du Conseil national des barreaux est dans son rôle quand il évoque un avocat du futur déconnecté du territoire et des juridictions.
Peut-être sera-ce le cas.
Mais à ce jour la majorité des professionnels exercent dans un territoire et près d’une juridiction même si leur chiffre d’affaires est inférieur aux grandes firmes qui paraissent finalement dominer la pensée professionnelle.
L’avocat ou l’avocate qui se dévoue à l’aide juridictionnelle (ce n’est pas moi) a plus de prix à mes yeux que les grands cabinets parisiens ou anglo-saxons même si ce sont ces derniers qui petit à petit tiennent le maillet.
Le cœur de la profession, ses racines, c’est bien l’avocat qui défend devant le tribunal.
Je crois que celui-là devrait être défendu avec acharnement car c’est lui la colonne vertébrale spirituelle et intellectuelle de la profession.
Est-ce le cas?
Si l’on considère qu’il est moins important parce que l’avenir de la profession et autres, alors l’avenir de la profession sera autre, mais ce sera une autre profession.
Comment concilier les nécessités économiques des cabinets d’affaires et les nécessités démocratiques des cabinets judiciaires?
Je vais dire un gros mot : non ce n’est pas le même métier.
Je sais, ce n'est pas bien de le penser.
Vieux con, ai-je dit.
Et le métier de proximité, d’humanité, n’est-il pas enterré un peu vite, poussé dans la tombe, par la profession elle-même  rêvant de puissance quand ses fondations s’altèrent ?
Vous me direz que ma propre épouse a l’air de penser que bientôt je ne pourraisplus travailler…
Bah, j’ouvrirai un musée de la pensée.
J'en serai le conservateur.
Et je vous ferai un prix.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire